La zone euro est-elle en voie de « japonisation » ? La barbarie de la formule cache une question toute simple : les pays de l'union monétaire européenne vont-ils connaître une longue période de croissance atone – dix ans d'infime progression du produit intérieur brut (PIB) et de chômage record ?
On imagine sans peine les dégâts collatéraux, politiques, sociaux et autres. On s'interroge sur la capacité de pays comme la France, l'Espagne, l'Italie, le Portugal à vivre avec 30 % ou 40 % de jeunes sans emploi – voire plus. On voit déjà monter en force les partis protestataires extrémistes. Ceux-là, qui pourraient bien former une majorité dans le prochain Parlement européen, rangent, pêle-mêle, sous la même bannière estampillée « boucs émissaires », les « élites », l'immigration, l'Europe et, dans le rôle de l'abomination suprême, l'euro.
Surtout ne pas croire que ces supputations pessimistes sont formulées dans quelque cercle antieuropéen ou particulièrement mal disposé à l'égard de l'euro. Pas du tout. On les entend dans des milieux les plus orthodoxes en matière de pensée économique libérale, qu'il s'agisse du Fonds monétaire international (FMI), de la Commission de Bruxelles ou du département du Trésor américain. La décision de la Banque centrale européenne, jeudi 7 novembre, d'abaisser de 0,25 point deux de ses trois taux directeurs, a été dictée par cette même crainte : la perspective de ce qu'on appelle une spirale déflationniste.
Alain Frachon, «La zone euro et le « mal japonais»», Le Monde, [en ligne], http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/11/13/la-zone-euro-et-le-mal-japonais_3513168_3232.html?xtmc=japon&xtcr=4, (page consultée le 13 novembre.)
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